L’assemblée régionale des jeunes de Nouvelle-Aquitaine s’est réunie début juin à Bordeaux pour une séance plénière. Retour sur cette journée et témoignages.
La première rencontre des membres de l'assemblée régionale des jeunes s’est déroulée samedi 3 juin 2023 à l’Hôtel de Région de Bordeaux. Les membres de cette instance sont lycéens pour un tiers, étudiants et apprentis pour un second tiers enfin, et entrés dans la vie active pour le dernier tiers. Il est à noter que la parité hommes-femmes est respectée.
Investir le débat
Suite à un appel à candidatures lancé en janvier 2023, 108 jeunes de 15 à 29 ans ont décidé de s'engager pour participer à la construction des politiques publiques régionales. A l’origine de la création de cette nouvelle instance participative, le constat d’une défiance envers le politique et les institutions, et la volonté d’y répondre en invitant les jeunes à investir le débat.
Le Conseil régional des jeunes (CRJ) aura pour fonction de proposer de nouveaux projets ou dispositifs, d’en réaliser certains, et il pourra également émettre un avis sur les politiques régionales.
A l’ordre du jour
Samedi 3 juin, après un temps d’échange avec Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Jean-Louis Nembrini, vice-président en charge de l’éducation, de l’orientation et de la jeunesse, et Stéphanie Anfray, élue déléguée à la promotion sociale dans l’éducation, les jeunes ont amendé puis adopté le règlement intérieur et la charte des valeurs du CRJ. Suite à quoi ils ont rencontré Guillaume Riou, vice-président en charge de la transition écologique et énergétique, qui a répondu à leurs questions concernant la thématique prioritaire choisie pour leur engagement : l’environnement.
Si tous ces jeunes ont la motivation commune de porter la parole de leurs pairs dans le débat public, chacun a sa propre vision de cet engagement et des attentes personnelles par rapport à la nouvelle instance.
Six d’entre eux ont bien voulu témoigner.
Etre le porte-parole d’une génération souvent écartée du débat politique
© Paul Robin
Ilyes Taleb , 24 ans (Bordeaux, 33)
Ilyes Taleb est conseiller banque et assurance. Il souhaite être « porte-parole d’une génération souvent écartée du débat politique ou tout simplement désintéressée. » Il illustre son propos par une anecdote : « J’ai toujours participé aux dépouillements. A plusieurs reprises, j’ai cherché à savoir comment je pouvais m’impliquer davantage et personne n’a jamais été en mesure de me répondre. Je trouve cela regrettable et c’est pourquoi j’ai saisi cette opportunité de participer au Conseil régional des jeunes. »
« Dans un premier temps, mon objectif est de me familiariser avec notre système politique au niveau régional puis européen, poursuit-il, car je trouve que nous sommes insuffisamment formés à ce sujet. Ensuite, je trouve très pertinent le choix de l’environnement comme thématique prioritaire. Entre la question de la hausse des températures, celle des incendies, et les problématiques agricoles, c’est un sujet primordial à l’échelle régionale. La première session de travail autour de la fresque du climat a été productive car elle nous a amené beaucoup d’éléments factuels. »
Je veux faire entendre la parole des jeunes sur les questions d’écologie
© Paul Robin
Mélissande Moret, 23 ans (Guéret, 23)
Chargée de mission sur le développement d'une cantine solidaire, Mélissande Moret souhaite non seulement faire entendre la parole des jeunes sur les questions d’écologie mais également contribuer à redynamiser son territoire avec de nouveaux projets. « Je viens de Creuse, où il y a un vrai souci de mobilité que l’on ne mesure pas forcément quand on vit ici, à Bordeaux. Ce ne sont pas les mêmes réalités. Avec le Conseil régional des jeunes, nous n’en sommes qu’aux premières étapes, car nous sommes en train de créer l’instance. Cela représente un gros travail, mais il est essentiel. J’ai hâte de rentrer dans le vif du sujet et d’aborder les thématiques avec les élus, je suis très demandeuse. »
Rendre la vie des autres plus agréable
© Paul Robin
Emilie Mvoumbi Tchicaya, 17 ans (Poitiers, 86)
En classe de terminale, Emilie Mvoumbi Tchicaya est impliquée dans la vie lycéenne et associative et jeune ambassadrice à l’UNICEF. Elle voit cet engagement au sein de Conseil régional des jeunes comme une continuité : « Je trouve cette initiative très intéressante dans la mesure où la parole est donnée aux jeunes afin d’améliorer certains aspects de leur vie. Cela me semble important en ces temps difficiles. » Elle est consciente qu’à son échelle, elle ne pourra pas tout régler, mais souhaite au moins « rendre la vie des autres plus agréable ».
Pragmatique, elle devine que des thématiques complexes relevant par exemple des transports ne pourront pas forcément être réglées en un seul mandat. C’est pourquoi elle ambitionne surtout « d’améliorer les choses sans espérer les rendre parfaites. » Et elle fourmille de projets concrets sur lesquels elle a d’ores et déjà pu échanger avec ses collègues du CRJ : « Je pense qu’il faut rendre les bonnes habitudes plus attirantes par rapport aux déchets ou à l’empreinte écologique des mails par exemple, et il y a des moyens simples pour y parvenir ; nous avons également un projet de revente de produits alimentaires à bas prix pour lutter contre le gaspillage ; nous nous renseignons aussi sur le sujet des transports en prenant des informations sur la Ville de Niort où ils sont gratuits... »
La thématique des transports est aussi une question d’égalité
© Paul Robin
Julien Fayant, 19 ans (La Rochelle, 17)
Etudiant en BTS communication au lycée Merleau-Ponty de Rochefort, Julien Fayant est déjà impliqué dans des instances et associations lycéennes. En tant que membre de cette assemblée, il souhaite aller au contact des étudiants des départements de Charente et Charente-Maritime pour connaître leurs attentes et construire des projets en fonction des besoins qu’il aura identifiés.
La thématique des transports lui tient particulièrement à cœur : « Un lycéen qui commence sa journée à 8 h et la termine à 18 h, avec 1 h 30 de transport avant et après, est désavantagé par rapport à ceux qui n’ont que dix minutes de transports pour rentrer chez eux. C’est une inégalité, et c’est inadmissible au regard de la charge de travail. Améliorer les transports et proposer des tarifs incitatifs pour les jeunes leur permettrait en outre de découvrir notre belle région pour participer plus tard à la création d'emplois et de richesse sur tout le territoire. » Satisfait des premières sessions de travail en commun, Julien estime que le travail actuel de création de l’instance est peu visible mais important : « Nous devons prendre le temps de la construire correctement pour que ceux qui prendront notre relève puissent développer des projets en s'appuyant sur notre travail. »
Même en situation de handicap, on peut agir
© NA
Eve-Anne Creton, 21 ans (Bergerac, 24)
« En tant que membre de l'assemblée, mon objectif est de faire entendre ma voix et de montrer qu’il est possible d’agir même si l’on est en situation de handicap. » Membre de APF France Handicap, elle souhaite pointer « ce qui ne va pas pour les personnes en situation de mobilité réduite par exemple dans les transports, mais également en ville à cause des trottoirs ou de lieux qui ne sont pas accessibles. »
Satisfaite des premières sessions de travail qui lui ont beaucoup appris, elle estime avoir rencontré des personnes formidables : « nous sommes vraiment un bon groupe, j’ai pu m’en apercevoir quand nous avons commencé à aborder les thématiques liées à l’écologie, mais également le sujet des discriminations. »
M’investir est un moyen de lutter contre mon éco-anxiété et mon éco-rage
© NA
Dylan Masson, 28 ans (Peyrehorade, 40)
Dylan Masson se présente à nous comme le représentant des vieux de cette assemblé de jeunes ! Il a 28 ans, il est papa, et est déjà engagé dans une dizaine de projets associatifs à l’échelle départementale, régionale et même européenne. « J'ai à cœur d'être moteur dans les projets citoyens de ma région. De nombreux sujets sont transversaux et toutes les structures existantes cherchent à mobiliser les jeunes, ce qui n'est pas une mince affaire. Faire remonter les besoins et les aspirations des uns, redescendre les réalités et les freins des autres est mon quotidien. »
« M’investir est un moyen de lutter contre mon éco-anxiété et mon éco-rage, poursuit-il, et je suis ravi de constater que l’environnement a été défini comme priorité à traiter par notre assemblée. Cela étant dit, je suis aussi là pour voir si ce n’est pas que de la théorie et si des projets vont pouvoir avancer concrètement. Ce matin, j’ai apprécié que les élus parlent de la nécessité d’aller plus vite, car je trouve justement que rien ne va assez vite. La théorie et les discussions sont importantes, mais le vrai enjeu, c’est savoir comment les rendre applicables. Et avancer ! »
Les prochaines étapes
Les membres du CRJ ont déterminé deux thématiques prioritaires sur lesquelles ils souhaitent travailler durant leur mandat
- L’environnement, le climat, la biodiversité (jusqu’en fin d’année 2023)
- L’égalité et la lutte contre les discriminations (de début 2024 à la fin de mandat en juin 2024)
En plus de leur réflexion sur des propositions concrètes d’actions, les jeunes seront également associés :
- à la concertation autour du Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), notamment via leur présence aux 4 tables rondes « jeunesse » organisées le 15 juin à Bordeaux, La Rochelle, Tulle et Bayonne,
- à la concertation autour de la feuille de route santé et environnement,
- aux jurys des appels à projet sur la thématique environnementale,
- au programme Tu bouges, t’es bien qui promeut l’activité physique chez les jeunes,
- aux événements organisés par la Région, dans le domaine culturel, sportif, de la jeunesse…
Par ailleurs, une visio-conférence sera organisée avant les vacances d’été, pour leur présenter un panorama de la jeunesse en Nouvelle-Aquitaine et pour renforcer leurs connaissances de l’institution régionale.