La Région Nouvelle-Aquitaine travaille pour l’ouverture d’une école vétérinaire à Limoges. En plus de proposer aux étudiants une structure supplémentaire de formation, ce projet est indispensable pour les éleveurs de la première région agricole de France et d’Europe, et utile en matière de santé publique.
La France manque de vétérinaires ruraux pour soigner les animaux de ferme. Déjà en sous effectif, le nombre de « médecins des animaux » a diminué de 11,5 % sur les cinq dernières années.
« La situation est problématique, explique Nicolas Couderc, éleveur et président de la Coopérative départementale agricole d’action sanitaire (CDAAS) de Haute-Vienne. La difficulté est d’autant plus sensible que pour le départ à la retraite d’un ancien professionnel qui ne comptait pas ses heures, il faut former deux jeunes vétérinaires ruraux. Ce manque de personnels crée des tensions dans les cabinets. »
L’université de Limoges dispose de tous les atouts pour devenir un pôle d’expertise vétérinaire d’envergure nationale. « Nous possédons des laboratoires de recherche reconnus et l’une des rares plateformes technologiques en France qui accueillent de gros animaux », explique Vincent Jolivet, président de l’Université de Limoges. Ce défenseur du projet évoque en outre l'institut Omega Health qui réunit l’ensemble des unités de recherche actives dans les domaines de la biologie, santé, chimie et environnement, avec des compétences reconnues internationalement (tuberculose bovine, antibiorésistance, résistance aux antiparasitaires, résistance fongique, etc.).
Une 6e année de spécialisation proposée aux étudiants
Dans un premier temps, le projet d'école vétérinaire à Limoges va prendre la forme d’une 6e année de spécialisation dédiée aux animaux de la ferme, redonnant ainsi goût à la médecine vétérinaire rurale.
Cette démarche est essentielle. Seuls 16 % des jeunes diplômés optent pour cette spécialisation, contre 73,5 % pour les animaux de compagnie en milieu urbain. Elle répondra aussi à un déficit en matière d’offre de formation. Aujourd’hui, 56 % des primo-inscrits à l’Ordre des vétérinaires en France obtiennent leur diplôme à l’étranger ! Avec un coût des formations privées, de l’ordre de 8 000 à 18 000 euros par an qui limite l'accès aux formations.
La Région Nouvelle-Aquitaine et la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF), avec l’appui du réseau des établissements agricoles publics (Réana), proposent aux lycéens 3 jours d'immersion. Intitulée VetSupAgri, cette initiative a pour objectif d’accompagner les jeunes dans leur parcours de réflexion sur leur projet personnel en leur permettant de découvrir les métiers, en rencontrant des professionnels, des enseignants et des étudiants.
Une question de santé publique
© Aurelien Marquot
François Vincent, médecin hospitalier, professeur des universités et conseiller régional, est favorable à la création d’un pôle d’expertise vétérinaire en région pour la santé humaine. « En tant que pneumologue, j’observe des cas de transmission de tuberculose bovine qui résultent d’animaux sauvages. Ils transmettent la maladie à l’élevage, puis aux humains (zoonose). Tout est lié, du monde végétal à l’homme en passant par le règne animal. D’où le concept One Health (une seule santé) porté par la Région », explique-t-il.
Et de préciser que les déserts vétérinaires ont forcément un impact négatif sur la santé des animaux avec, au bout de la chaîne, un risque sur la santé humaine. « Nous avons la possibilité de regrouper au sein d’un même pôle universitaire à Limoges la médecine humaine, pharmaceutique et vétérinaire. C’est-à dire la capacité de former des vétérinaires ruraux à côté des étudiants en santé humaine, et ainsi se donner les moyens de prévenir ensemble les risques potentiels de santé publique vétérinaire plutôt que de les subir. »
En France, actuellement seules quatre écoles nationales vétérinaires (ENV) préparent au diplôme d’État (DE) de docteur vétérinaire, obligatoire pour exercer. Cette formation très sélective dure 5 ou 6 ans selon le niveau d'admission et comprennent de nombreux stages et mises en situation. Depuis peu, il existe une école vétérinaire privée
Les écoles nationales
- ENVA à Maisons-Alfort
- ENVT à Toulouse
- Oniris VetAgroBio à Nantes
- VetAgro Sup à Lyon.