Une trentaine de jeunes bergers venus du monde entier se sont retrouvés en Haute-Vienne pour la première étape de la coupe du monde des bergers. Deux jours d’épreuves riches de découverte et de partage autour du mouton.
- #Orientation
- #Éducation et formation
- #Agriculture
La Coupe du Monde des jeunes bergers
Très belle ambiance ce matin-là à la ferme expérimentale du Mourier à Saint-Priest-Ligoure qui avait mis les petits plats dans les grands pour accueillir les candidats aux première épreuves des Ovinpiades mondiales. En organisant la Coupe du Monde des jeunes bergers, l’association internationale des Ovinpiades souhaite favoriser les échanges autour du thème de la formation. Des nations à forte tradition moutonnière ont répondu à l'appel et envoyé leurs candidats : l'Argentine, l’Arménie, l’Australie, la Belgique, le Bénin, le Canada, le Chili, la Côte d'Ivoire, l’Espagne, l’Irlande, le Pérou, le Royaume-Uni et le Togo. Les couleurs de la France étaient portées par les deux meilleurs jeunes bergers de France 2024, sélectionnés en février lors de la finale nationale des Ovinpiades au Salon International de l’Agriculture à Paris : Iris Soucaze, du lycée agricole de Pau Montardon (64), et Benoît Toutain, de la MFR de Songeons (60).
C'est donc dans une cacophonies de langues et d'accents que les candidats se sont "affrontés" ce matin-là pour deux épreuves décisives et ont pu assister à des ateliers aux 4 coins de la ferme expérimentale. Regroupés par langues - francophones, anglophones et hispanophones - les jeunes bergers ont pu échanger avec les nombreux intervenants sur les pratiques, les questions sanitaires, les équipements... Si l'amour du mouton et la joie d'avoir été sélectionnés pour cette expérience unique étaient partagés par tous, à l'heure des épreuves de tonte et de parage, les différences de pratiques étaient bien visibles, notamment pour les bergers n'ayant jamais tondu leurs brebis. Question de race : toutes les variétés de brebis n'ont pas laine, notamment en Afrique. Question de pratique : certains bergers ne tondent pas eux-mêmes leur troupeau et font appel à des professionnels qui maîtrisent la tondeuse mieux que personne. Question de formation : selon les pays, les formations diffèrent et les élèves ne suivent pas les mêmes disciplines.
Peu importe au fond le palmarès qui sera annoncé vendredi 31 mai à la Bergerie nationale de Rambouillet. L'important dans cette compétition est de permettre à de jeunes ou futurs professionnels d'échanger et de partager leur vision et leur passion de l'élevage ovin. De découvrir les problématiques propres à chaque continent, à chaque pays. De s'enrichir d'expériences multiples et d'intégrer la grande famille du mouton, qui elle n'a pas de frontières.
Originaire de Beaudean (65), Iris a grandi sur une ferme où son père élève des brebis de race tarasconnaise qui transhument l’été. Actuellement en BTS Productions animales au lycée agricole de Pau Montardon, dans les Pyrénées-Atlantiques, elle prendra sûrement la suite. Mais avant elle voudrait découvrir d’autres manières de faire. Durant son temps libre, Iris pratique le ski alpin au club de Saint-Lary Soulan. Dynamique et souriante, Iris a remporté le titre de Meilleure Jeune Bergère de France 2024, lors de sa première finale nationale des Ovinpiades. Parallèlement elle passe actuellement son diplôme de monitrice de ski à l'ESF. Suivie lors de cette aventure par les caméras de TF1, elle sera bientôt sur le petit écran dans un épisode du magazine Grands Reportages.
Lors de ces ovinpiades mondiales, elle obtient le titre de vice championne du monde !
1 semaine de compétition, 6 épreuves, 5 étapes…
Les Ovinpiades sont une invitation à découvrir le métier d’éleveur de brebis de l’intérieur, à travers des gestes concrets. La compétition mondiale poursuit la tradition en reprenant les épreuves mythiques de la finale nationale, mais pimente l’expérience en ajoutant 2 nouvelles épreuves emblématiques : la tonte et la pose de clôture.
6 épreuves
- Parer les onglons
A l’aide d’une cage de retournement qui facilite la manipulation des animaux, les candidats tailleront les onglons d’une brebis, une opération importante pour le bien-être et la santé de l’animal. Rapidité, précision du geste, manipulation de l’animal et respect des consignes de sécurité sont évalués. - Tondre
Les candidats devront tondre 1 brebis ; le temps mais aussi la technique et la finition seront pris en compte dans la notation. - Évaluer l'état d'engraissement des agneaux
Les candidats doivent donc être capables d’évaluer en un temps limité l’état d’engraissement et de finition de 3 agneaux. Ce sont des critères clés pour la rentabilité d’un élevage. - Trier les brebis avec un lecteur électronique
Les candidats auront pour mission d’isoler des brebis repérées parmi un lot de 15, en les faisant passer dans un couloir de contention pour lire les informations contenues dans leur boucle électronique, une technologie incontournable pour être à la pointe de la traçabilité. - Manipuler et évaluer l'état corporel d'une brebis
Après avoir attrapé une brebis, les candidats devront la contenir, évaluer la note d’état corporel et apprécier l’état de santé dans un temps limité : prise de température, observation de la 3ème paupière, de la dentition, des pieds et de la mamelle. Puis, ils devront la faire marcher le long d’un parcours balisé et l’asseoir dans une zone définie avant de la relâcher dans le parc d’attente. La précision et les techniques de notation et de manipulation sont évaluées en veillant à ne pas favoriser la force par rapport au savoir-faire. - Poser des clôtures mobiles
Les candidats devront dérouler et mettre en place un filet pour délimiter un parc pour accueillir un troupeau de brebis. Agilité et rapidité seront évaluées.
5 étapes et 5 régions traversées
Afin de faire découvrir la diversité de l’élevage de brebis, la compétition est itinérante mêlant épreuves, visites et échanges. La Nouvelle-Aquitaine ouvrait la compétition. Les jeunes bergers se sont ensuite rendus en Occitanie, en Auvergne Rhone-Alpes puis en Bourgogne Franche-Comté. Les épreuves se terminent à la Bergerie nationale de Rambouillet vendredi 31 mai avec l’annonce du palmarès.
Un concours français devenu mondial
En France, dans les prochaines années, plus d’1 éleveur de brebis sur 2 partira à la retraite. En 2023, seulement 49% de la viande ovine consommée sur le territoire y est produite, le reste est importé. Pour assurer le renouvellement des générations et le maintien de sa production, la filière ovine (lait et viande) cherche à recruter différents métiers : chefs d’exploitation, éleveurs, bergers, salariés… C’est pour cette raison qu’INTERBEV Ovins et l’ensemble de la filière ovine dans le cadre du programme Inn’Ovin organisent les Ovinpiades des Jeunes Bergers depuis 2005. Près de 1000 jeunes suivant une formation dans l’un des 100 établissements agricoles participants concourent chaque année pour accéder à la finale nationale au Salon International de l’Agriculture à Paris. Alors que le championnat européen est organisé chaque année lors de la finale nationale des Ovinpiades au Salon International de l’Agriculture, les Ovinpiades Mondiales font leur retour en France après 10 ans d’absence.