Se former aux métiers qui recrutent avec l'apprentissage

Apprendre un métier quand on sort du collège, se former tout au long de la vie et prendre une nouvelle direction professionnelle, oser vivre de sa passion en obtenant un diplôme convoité sur le marché du travail… La Région Nouvelle-Aquitaine soutient les centres de formation d’apprentis afin de permettre au plus grand nombre de choisir sa voie. Au centre CMA Formation Lagord (17), dans un gigantesque atelier de mécanique automobile inauguré en 2024, l’année touche à sa fin. Les apprentis travaillent en binôme. Les uns sous un capot, les autres sous une voiture, les autres dans l’habitacle. 

Pour les élèves, c’est une semaine en atelier, qui succède aux semaines en entreprise. Les enseignants gèrent plusieurs groupes d’apprentis, car à y regarder de plus près on s’aperçoit vite que les profils diffèrent. Des adolescents rigolards s’égayent les mains dans le cambouis ou au volant de voitures à l’arrêt qu’ils n’ont pas l’âge de conduire. Plus loin des jeunes gens concentrés s’attèlent à caler une distribution, tandis que des hommes plus âgés comparent les avantages et inconvénients de nouveaux véhicules hybrides.

Pierre, l'un des plus jeunes de la promo, termine son année mais reste concentré sur l'exerce du jour. Passionné d’automobile et de mécanique, il est en 2de bac pro mécanique. Depuis son plus jeune âge, avec son père, mécanicien dans l’aéronautique, il démonte, remonte, répare, re-démonte des moteurs en tout genre, de la mobylette à la tondeuse et autres matériels de jardinage.
Le bac pro maintenance des véhicules était pour lui une évidence. Son enseignant, Mikael Boex, chef d’atelier chez Fiat pendant plusieurs années, ne tarit pas d’éloge sur cette jeune recrue. « Tous les élèves ne sont pas forcément ici par passion au départ, surtout chez les plus jeunes. Mais notre rôle est de les accompagner, de partager nos connaissances et de leur apprendre le métier en partenariat avec leur lieu d’apprentissage. Au CFA, entre le matériel, les équipements et le cadre, on travaille dans de très bonnes conditions. Beaucoup de garages ne sont pas aussi bien équipés. On a par exemple un banc de puissance, ce qui est assez rare chez les artisans garagistes ». Pierre et son binôme Lucas sont épanouis dans leur formation. Une semaine en cours et 3 semaines chez leurs patrons, le rythme leur convient. Ils pensent déjà à l’avenir, au BTS qu’ils suivront après le bac et au garage de véhicules anciens qu’ils pourraient ouvrir ensemble.

Dans le même atelier, qui peut accueillir jusqu’à 32 apprentis, Jean-Luc, qui a été lui-même apprenti dans l’établissement en 1986, avant que Lagord ne soit construit, encadre les adultes. Des profils bien différents mais tout aussi passionnés et un brin potache comme leurs cadets. Léo a 21 ans, après deux ans en fac de médecine, il a intégré le CFA et va obtenir dans les prochains jours son titre professionnel de mécanicien automobile. « Je suis content de ma reconversion, certes atypique. J’ai été bien accompagné et je suis embauché par mon patron après ma formation ». Comme une très grande majorité des apprenants en reconversion en mécanique, les apprentis restent dans l’entreprise qui a accompagné leur formation. La formation professionnelle, accompagnée financièrement par la Région, permet chaque année en Nouvelle-Aquitaine à des milliers de personnes en reconversion ou éloignées de l’emploi de découvrir un métier puis un emploi. Régis, 47 ans, est de ceux-là. Chef de cuisine pendant 30 ans, il a refait sa voiture pendant le confinement et a décidé de laisser les marmites pour les clés à molette. Il vient de passer son CAP mécanique auto en 1 an. Avec son diplôme, dans un secteur en tension, il aura la liberté de choisir son futur employeur.